Quel cirque !

Publié le par AAFC-Nord

CIMG0365Le compte-rendu que vous allez lire a été rédigé début décembre 2011 et devait être mis en ligne juste avant les fêtes de fin d’année. Le décès du dirigeant Kim Jong Il le 19 décembre 2011 et les cérémonies auxquelles il a donné lieu en RP de Corée en ont bien légitimement différé la publication. Voici, aujourd’hui, ce texte qui retranscrit l’entretien que l’interprète de la troupe des acrobates de Pyongyang, Melle Ri Sol-ha, a bien voulu nous accorder et dont nous la remercions chaleureusement.

 

Le samedi 12 novembre 2011, le Comité Nord de l’AAFC avait délégué son président, son secrétaire et l’un de ses membres sur l’esplanade du Champ de Mars à Lille, où se tenait la 25ème édition de la Grande Fête Lilloisedu Cirque. Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l’AAFC, avait fait le voyage depuis Paris. Le gratin du cirque mondial était réuni sous le grand chapiteau où se produisaient, à l’issue d’un spectacle propre à ramener au cirque les spectateurs les plus blasés, la troupe des acrobates de Pyongyang. Les artistes coréens assuraient le final, avec un numéro de voltige aérienne d’une hardiesse et d’une beauté sans pareilles, qui ne fut pas la moins applaudie des démonstrations de l’après-midi.

 

A l’issue de la représentation, le Comité Nord eut le grand plaisir de saluer les artistes, demeurés pour lui sur les gradins en dépit de leur évidente fatigue. Melle Ri Sol-ha, dont le talent d’interprète ajoutait à l’impression de très grand professionnalisme délivrée pendant la représentation, répondit avec beaucoup de simplicité et d’humour aux questions que nous lui avons posées.

 

Comité Nord : “ Est-ce la première fois que vous venez en France ?”

 

Melle Ri : “ Non. Nous sommes venus en France en janvier [2011], à l’occasion du festival de Massy, en région parisienne. Mais c’est la première fois que nous venons à Lille.”


CN
: “ Depuis combien de temps la troupe de Pyongyang existe-telle ?”

 

Melle Ri s’entretient un moment avec le responsable de la troupe, M. Ri Son-guk, qui assiste à nos échanges: “ Cette année est celle du 60ème anniversaire du cirque de Pyongyang. C’est pendant la guerre que notre cirque est né. Notre chef travaille à la Direction des services culturels en relation avec les pays étrangers. Moi, je travaille avec le cirque et je lui sers d’interprète.”

 

CN : “ Pouvez-vous me dire comment sont recrutés les artistes ?”

 

R (avec un sourire) : “ Il faudrait le demander aux artistes!”. S’ensuivent de longs échanges en coréen pendant lesquels nous regardons passer trois éléphants...

 

CN : “ A quel âge sont-ils devenus acrobates ? Par quelle école sont-ils passés ?”

 

R : “ Nous avons une école où on est recruté à 7 ans. On passe un concours pour entrer à l’école. En général, on sort de l’école à 16-17 ans. On devient alors acrobate professionnel. Les artistes sont diplômés d’Etat.”

 

CN : “ Réalisez-vous beaucoup de tournées à l’étranger ?”

 

R : “ Oui. Nous avons fait des tournées en France, en Hollande, en Russie, en Chine.”

 

CN : “ Depuis combien d’années venez-vous en France ?”

 

R : “ En 2001, une autre troupe avait participé au Festival du cirque de Massy: les Quatre Filles voltigeuses. Les filles volaient (sic), il n’y avait pas de garçons qui voltigeaient.”

 

CN : “Et maintenant, les garçons voltigent ?”

 

R : “ Oui. Ils ont gagné la médaille d’or à Massy cette année.”

 

CN : “ C’est une spécialité coréenne, la voltige ?”

 

R : “ Oui, la voltige aérienne est une spécialité traditionnelle. Dans cette discipline, nos artistes sont très réputés dans le monde entier. Nous avons participé au Festival de Monte Carlo. En Chine, nous avons gagné la médaille d’or.”

 

CN : “ Une question très pratique: pour rester en forme au vu des efforts qu’ils fournissent, est-ce que les artistes ont un régime particulier? Est-ce qu’ils mangent beaucoup ?”

 

R : “ C’est différent selon qu’ils sont porteurs ou voltigeurs. Les porteurs doivent manger beaucoup, les voltigeurs, eux, ont besoin de beaucoup de calories. Ils ont un régime spécial.”

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CN : “Comme des sportifs de haut niveau ?”

 

R : “Oui, exactement!”

 

CN : “ Combien d’heures s’entraînent-ils chaque jour ?”

 

R : “ Cinq heures.”

 

CN : “ Tous les jours ?”

 

R : “ Tous les jours sauf le dimanche.”

 

CN : “ Après Lille, vous partez en tournée dans la région ?”

 

R : “ Nous donnons deux jours de spectacle à Valenciennes puis deux jours encore à Saint Omer, puis nous allons à Villeneuve d’Ascq, mais ça n’est pas encore sûr. Ce sera avec d’autres artistes.”

 

CN : “ Combien de mois dans l’année êtes-vous hors de Corée ?”

 

R : “ Tout dépend des contrats. on peut être à l’étranger entre six mois ou neuf mois par an.”

 

CN : “ Pour vous, c’est une reconnaissance internationale ?”

 

R : “Oui, nous sommes maintenant connus. La voltige aérienne, c’est une discipline très fatigante alors six mois de tournée c’est déjà beaucoup.”

 

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CN : “ Comment les artistes vivent-ils leurs contraintes familiales? Peuvent-ils se marier et avoir une vie de famille ?”

 

R : “ Oui. Ils peuvent être mariés pendant leurs activités et continuer jusque 40-45 ans. Il y a deux porteurs qui sont mariés. Ils ont leur famille en Corée. Nous avons deux artistes de 29 et 30 ans qui vont célébrer leur mariage à notre retour en Corée. C’est idéal pour un artiste d’avoir une famille.”

 

CN : “ avez-vous apprécié votre accueil à Lille ?”


R : “ Nous avons trouvé les gens très accueillants. Par exemple, lorsque nous étions perdus, dans la rue, les gens nous indiquaient le chemin. Le public aussi nous encourage beaucoup pendant les spectacles.”

 

Patrick Kuentzmann prend la parole: “ Allez-vous participer aux spectacles qui vont se dérouler en 2012 pour le centième anniversaire de la naissance de Kim Il Sung ?”

 

R : “ Oui, bien sûr, nous participerons à tous les grands événements prévus. Venez nous voir ! ”


Ici commencèrent des apartés chaleureux sur notre volonté commune de nous rendre en RPDC, nos possibilités ou impossibilités diverses (et motivées!), nos professions respectives, notre association et notre implication dans celle-ci. Les artistes, régulièrement interrogés par Melle Ri, se repassaient sur leurs téléphones le film du spectacle qu’ils venaient de réaliser, nous révélant par là l’une des clés de la très haute qualité de leurs prestations. Mais ils étaient manifestement fatigués et il eût été cruel de les empêcher plus longtemps de se reposer. Nous les avons chaleureusement remerciés pour la qualité et l’élégance de leur chorégraphie aérienne. Leur salut coréen était fait de ce mélange de chaleur et de réserve si asiatique qui nous laisse à chaque fois émus et un peu décontenancés. Nous avons pris congé de Melle Ri et de M. Ri Son-guk en leur faisant promettre de prendre quartier à Lille à un rythme plus propre à satisfaire nos adhérents et l’ensemble du public. Gageons qu’une fois encore la tradition d’accueil du Nord saura faire obstacle à la distance et qu’une nouvelle dimension sera donnée à notre Fête lilloise du cirque !      

 

Film n° 1 :

 



Film n° 2 :



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